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Maroc: Difficiles débuts parlementaires du projet de réforme de la condition féminine au Maroc

La réforme de la "Moudawana" (code du statut personnel).
L'examen par les députés marocains du projet de réforme de la condition féminine au Maroc, présenté par le roi Mohammed VI pour "consacrer le principe de l'égalité de l'homme et de la femme", s'annonce long et complexe en raison des réserves exprimées par les parlementaires islamistes.

Ces travaux ont débuté début janvier devant la commission de la justice et des droits de l'Homme de la Chambre des représentants.



L'examen du texte de la réforme de la "Moudawana" (code du statut personnel) n'a jusqu'à maintenant concerné qu'une quarantaine d'articles seulement, sur un total de 400, ce qui augure d'un retard dans le calendrier de la présentation du texte en séance plénière, initialement prévue au printemps 2004.



A l'occasion des travaux en commission, les députés islamistes "modérés" du Parti de la justice et du développement (PJD), troisième force parlementaire du royaume, ont manifesté des positions de plus en plus en retrait par rapport à l'esprit réformateur du projet royal.



Présenté par le roi Mohammed VI devant le Parlement, le 10 octobre, ce projet, visant à affranchir la femme marocaine de l'actuel pesant tutorat juridique masculin, prévoit notamment le partage de l'autorité parentale et du droit de garde, le relèvement de l'âge légal du mariage, la généralisation du divorce judiciaire au détriment de la répudiation et la limitation draconienne de la polygamie.



Au lendemain de ce discours, qualifié "d'historique" par la quasi-totalité la presse marocaine et salué dans les capitales occidentales, le camp islamiste avait aussi favorablement accueilli l'arbitrage royal sur ce sujet politiquement très sensible.



Le mouvement Al Adl Wal Ihsane (justice et bienfaisance) du cheikh Abdesslam Yassine et le PJD avaient pourtant réussi une première fois à faire capituler la volonté réformatrice du précédent gouvernement en mobilisant en mars 2000 plusieurs centaines de milliers de personnes dans les rues de Casablanca (100km au sud de Rabat).



L'hostilité du PJD à la réforme semble donc se réveiller en commission parlementaire. Selon "Le Journal hebdomadaire", la discussion autour de l'article 40, sur la limitation de la polygamie, a été l'objet de vifs débats entre des députés du PJD et le ministre des Affaires islamiques Ahmed Taoufiq.



Le texte proposé n'interdit pas formellement la polygamie, mais en limite sérieusement la possibilité. Ce que dénoncent certains élus islamistes: "il y a des hommes qui ne peuvent pas se contenter d'une seule épouse pour des raisons physiques", aurait ainsi affirmé un député du PJD. Un autre parlementaire de ce parti, cité par l'hebdomadaire, justifiait ses réserves en assurant que "à la différence des femmes, les hommes succombent plus facilement à la tentation, surtout lorsqu'on atteint un certain âge".



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