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France: Manifestation à Marseille pour Ghofrane, tuée à coups de pierres

Le meurtre de Ghofrane Haddaoui, 23 ans, tuée à coups de pierres dans des circonstances non élucidées, est au centre de la manifestation organisée samedi à Marseille, à l'appel du mouvement "Ni putes ni soumises".
Le corps de Ghofrane avait été retrouvé à la mi-octobre dans un terrain vague des quartiers nord de Marseille.

La jeune femme, d'origine tunisienne, avait été totalement défigurée à coups de pierres. Trois mineurs ont été mis en examen dans le cadre de l'enquête sur ce meurtre dont le mobile demeure confus. Deux d'entre eux ont été écroués. Interpellé le 7 novembre, un garçon de 17 ans et onze mois a été mis en examen pour homicide volontaire et écroué. Il a reconnu les faits, sans fournir d'explications détaillées à son geste.



A la suite de témoignages recueillis par les enquêteurs, deux autres mineurs ont été interpellés. L'un a été mis en examen jeudi pour homicide volontaire et écroué. Selon une source judiciaire, cet adolescent de 16 ans était déjà incarcéré pour un vol à main armée. L'autre mineur, également placé en garde à vue mardi, a été mis en examen jeudi pour non dénonciation de crime et laissé en liberté sous contrôle judiciaire. Les investigations se poursuivent pour établir le mobile du meurtre.



Selon la mère de Ghofrane, Monia Haddaoui, interrogée par l'AFP, la jeune femme aurait été attirée dans un piège par des jeunes filles "qui avaient gagné sa confiance". Elle a été retrouvée "les dents cassées, une oreille écrasée, un énorme trou à hauteur de la tempe et plusieurs blessures sur le crâne.



Sa main gauche avait été écrasée", dit-elle. Monia Haddaoui a précisé que les mineurs interpellés fréquentaient le quartier où elle habite avec ses six enfants, dans le centre de Marseille, mais que ce n'étaient pas des amis de sa fille. L'un d'eux était attiré par Ghofrane: "Il la voulait, mais pas elle", poursuit la mère. "Elle était belle. Ce sont des crapules (...). Quand ils voient quelqu'un de bien, ils ont la haine".



Selon une source judiciaire, en l'état actuel de l'enquête, rien ne permet d'affirmer que les pierres ont été jetées sur la jeune femme, comme l'affirme la mère qui parle de "lapidation". "Des coups ont été portés avec des pierres, cela ne signifie pas que les pierres ont été jetées", a-t-on indiqué de même source. (1)



Née à Tunis, Ghofrane Haddaoui avait travaillé dans une société de nettoyage puis comme vendeuse. Récemment, selon sa mère, elle suivait une formation d'aide ménagère pour personnes âgées. Elle était connue des services de police pour violence volontaire en 2002, mais il s'agissait de "broutilles", a-t-on précisé de source proche du dossier. Selon la mère, il s'agissait d'une bagarre entre filles, pour une histoire de bijoux.



"J'ai la rage contre ces mères qui laissent leurs enfants en tuer d'autres. Je dis +ces mères+, car elles sont seules. Les pères sont absents", ajoute Monia Haddaoui, dont le mari est décédé il y a un an et demi.



FR3 Méditerranée



Le meurtre de Ghofrane mobilise Marseille

Marseille : Alexandre Nasri

[27 novembre 2004]




Qui a tué Ghofrane Haddaoui ? Qui a participé à ce meurtre abominable ? Personne, aujourd'hui, ne peut répondre avec certitude même si, cet après-midi, une marche est organisée à Marseille à l'instigation de l'association Ni putes ni soumises, à laquelle participeront de nombreuses personnalités - Jean-Jacques Goldman, Ariane Mnouchkine, Jean-Luc-Romero... - dans le cadre de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.



Le communiqué de Ni putes ni soumises affirme : «Ghofrane Haddaoui, 23 ans, a été tuée à coups de pierres, le 17 octobre dernier à Marseille, par un garçon dont elle avait refusé les avances. Elle est morte lapidée, victime de la barbarie, parce qu'elle a osé braver le machisme et dire non !»



Depuis que cette affaire est publique, l'histoire de la jeune femme a fait le tour du monde. Du Canada au Maghreb, les articles se multiplient, évoquant pêle-mêle, aux côtés de l'affaire Haddaoui, l'exécution de l'otage Margaret Hassan en Irak, l'assassinat par des islamistes de Theo Van Gogh en Hollande, la condamnation à la lapidation d'une Iranienne de 13 ans, la mort de Khadija, égorgée par son mari à Limoges, etc.



Ghofrane Haddaoui était une Française d'origine tunisienne. Une belle jeune femme qui vivait en faisant des ménages. Elle habitait un petit appartement du square Belsunce, dans le centre-ville. Plutôt naïve, elle traînait souvent avec une bande de jeunes de son quartier, souvent des petits délinquants, fumeurs de haschich et buveurs d'alcool. Elle devait se marier avec un Tunisien sans papiers résidant à Marseille.



Ghofrane a probablement été tuée le 18 octobre dernier sur un terrain vague proche d'un grand centre commercial de Marseille, à proximité d'une cité baptisée le Plan d'Aou, à plusieurs kilomètres de sa résidence.



Aujourd'hui, les investigations ne permettent pas de confirmer précisément la date du décès, et le rapport d'autopsie n'a pas encore été divulgué. Seule certitude : son visage a été défoncé à coups de grosses pierres.



Le 9 novembre dernier, Terrence, un jeune gitan de 17 ans, a été interpellé. Il a reconnu avoir tué Ghofrane à coups de pierres parce qu'elle avait refusé ses avances. Contrairement à ce qui a été dit, il n'était pas son ancien petit ami. Il a affirmé avoir agi seul, sans préméditation. Mis en examen pour «homicide volontaire», il a été incarcéré.



La justice s'apprêtait à boucler le dossier lorsque la mère de Ghofrane, par l'entremise de son avocat, Me Azoulay, a communiqué au juge d'instruction le nom de deux autres participants potentiels au meurtre, sur la foi de rumeurs. Jeudi soir, deux autres mineurs ont été mis en cause : François, 16 ans, qui, depuis le meurtre, était incarcéré pour un vol de voiture, a été interrogé. Les enquêteurs ne savent pas s'il a réellement participé au crime. François a affirmé que Terrence avait tué Ghofrane pour lui voler son sac et son portable. François a tout de même été mis en examen pour «homicide volontaire». Le troisième mis en cause, Abdel, 17 ans, a été placé sous contrôle judiciaire pour «non-dénonciation de crime».



La mère de Ghofrane, de son côté, persiste à dire que plusieurs filles ont participé au crime en attirant Ghofrane dans un guet-apens. Me Marcel Azoulay souligne de nombreux points d'interrogations : «Il y a beaucoup de filles autour de cette affaire. Le nom d'une d'entre elles apparaît. Nous sommes à sa recherche.» Ce témoin supposé aurait pris avec Ghofrane Haddaoui le bus de nuit qui a conduit la victime vers son supplice.



Les investigations en cours ont établi que Terrence, François et Abdel étaient aussi dans le véhicule. Questions : pourquoi Ghofrane a-t-elle pris cet autobus en direction des quartiers Nord de Marseille en pleine nuit ? A-t-elle suivi de son plein gré les trois garçons ? A-t-elle été attirée par une autre fille ? Les enquêteurs du SRPJ cherchent encore à percer ces énigmes.



Le Figaro - 27.11.04